Les Chemins de Traverses
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Compte-rendu de l'atelier du 27 août

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Compte-rendu de l'atelier du 27 août Empty Compte-rendu de l'atelier du 27 août

Message  Maloriel Dim 29 Aoû - 18:37

Nous avons décidé d'organiser un atelier préparatoire pour le futur webzine sur le Maghreb, un thème plutôt hardi étant donné qu'apparemment, aucun de nous n'y connaît quoique ce soit Smile
Mais voilà, cela nous a permis d'éveiller et d'exercer notre imagination... Vous trouverez d'autres idées d'exercices dans les ateliers du webzine, si vous avez envie d'essayer.

Exercice 1.

Nous avons imaginé que nous étions perdu dans le désert, en proie à la déshydratation et aux hallucinations...

Mon texte :

Je suis allongé sur la terre nue. Elle se craquelle sous ma peau, à l'image de mon corps qui semble sur le point de tomber en morceaux. Le soleil est suspendu au milieu du ciel d'un azur insoutenable, un regard fixe jeté sur mon corps qui me semble nu sous sa chaleur écrasante. Mon regard se perd là-haut, ce bleu sans mélange, violent, dur et net comme un plafond. C'est un bleu sans profondeur, vif, brutal. Il n'y a rien derrière, ni paradis ni rédemption.
Mais le désert autour... Des brumes floues qui s'égarent sur l'horizon, insaisissables, elles ont la consistance et l'aspect de fantômes dont la foule se rassemble autour de ma future dépouille déjà convoitée par de grands oiseaux aux ailes sombres. Le désert s'ouvre tout autour de moi comme une gueule sèche et absurde, aussi immense que le monde. Ses crocs brûlants s'enfoncent dans ma chair, avides de faire du moi un corps de sable, dispersé dans son immense avidité. Ce lieu est un lieu d'annihilation, où l'homme rencontre son devenir : la poussière.
Mais l'horizon paraît se liquéfier, danser et onduler ; il prend des formes impies et vides, une sarabande de mauvais esprits prend corps avec la matière de l'air déformé par la chaleur et l'excès de lumière. La lumière efface le réel, elle l'annule dans son uniformité crue. Il n'existe plus rien d'autre que la lumière, et la lumière me dissout, me happe, raye mon existence. Cependant les ombres bleues de la brume continuent de danser... Elles se lèvent en forme de silhouettes familières, et de cités jamais visitées. Et même dans ce silence assourdissant, il me semble que leurs murmures grossissent dans le néant, à la manière d'une bulle qui enfle. Mon univers va imploser sous la pression de cette vie étrangère qui chasse le vide absolu dans lequel je me confonds peu à peu. Une partie de moi tombe en poussière, quand l'autre veut suivre ces particules en suspension qui prennent la forme de mes souvenirs... Je ne sais si je vais vivre ou mourir. Je suis à la merci de ces monstrueuses puissances qui s'affrontent sur mon corps sans défense. Le désert se moque de moi, et son rire sans voix me fait trembler de terreur.
Partout autour de moi, les mirages se dressent, illusions et lumière se combattent sous mes yeux effarés. C'est alors que je la sens... Portée par un vent tout juste né, l'odeur de l'eau qui inonde mon monde. Rêve ou réalité, je suis l'odeur qui habite le désert jusqu'à repousser lumière et chaleur. L'odeur emplit le monde. Elle défie ma faiblesse, conforte mes mirages, mais je n'ai d'autre choix que de la suivre. Je marche péniblement vers elle, remontant le fil ténu de son existence. Les illusions continuent de se battre, quand un vent trompeur venu d'ailleurs m'apporte le parfum minéral du sable. Pourtant je continue, pauvre fou, livré à tous les démons du désert. Peut-être la nuit m'arrachera-t-elle enfin à mon dilemme ; et je reconnaîtrai enfin la réalité...
Pour l'heure le ciel clos et brûlant me courbe jusqu'au sol, tandis que je suis la piste effacée d'un parfum d'eau que tout à l'heure, j'avais cru sentir...

Texte de Gwen

Je me relevai péniblement, manquant glisser à nouveau sur le sable dévalant sans contraintes le flanc de la dune. Au bas de cette petite colline, la tente d'Ahsham ben Afra, le bédouin qui m'avait accompagné pendant deux jours depuis la porte de Casablanca, se tient droite, sans fléchir sous les bourrasques du sirocco. Je sais qu'il ne pouvait se trouver dans cet endroit particulier, comme il allait rejoindre son frère dans les plateaux des contreforts de l'Atlas. Cela faisait presque trois jours que je marchais en solitaire dans le désert, tentant vainement d'atteindre la dune du silence, où j'espérais trouver les réponses à cette étrange énigme familiale. Mon oncle m'avait prévenu : le sable est trompeur, il cherche à endormir l'esprit, à modeler nos rêves.
Peu habitué aux voyages exotiques, je m'étais bien mal préparé pour cette expédition, refusant les recommandations de Ben Arfa. Je devais l'avouer, je le regrettais fortement. Je n'avais plus d'eau, ma gourde s'étant tarie depuis hier midi. Le soir approchait, j'étais assoiffé. J'avais commencé à entendre des voix quelques heures plus tôt ; le sable m'appelait, il connaissait mon prénom. Et il y avait ce soleil, toujours... Ici, la nuit tombait plus rapidement qu'en Europe, mais j'avais à peine le temps de me soulager qu'un danger tout aussi grand me menaçait : si le jour la chaleur était insupportable, la lune et les étoiles m'enveloppaient d'une couverture de glace. Je ne dormais pas de la nuit, cherchant par tous les moyens de me réchauffer.
J'estimais que le soleil ne se coucherait pas avant une bonne heure. Je n'avais pas l'esprit très clair, et ma vision se brouillait en périphérie. Au loin, les dunes dansaient, je ne comprenais pas leur ballet, mais il avait quelque chose d'hypnotique. En bas, la tente impossible me défiait toujours, et je crus même percevoir du mouvement à travers mes yeux plissés. Le vent chaud du désert commençait à me faire suffoquer, et le sable irritait mes yeux ; mais aucune larme ne vint les nettoyer. J'aspirai à respirer l'herbe de mon jardin, en Provence, à goûter littéralement la rosée déposée sur les fleurs. J'eus un mouvement de surprise en voyant que la tente avait été submergée par un lac nouvellement formé. Ce que mon esprit m'interdisait d'accepter, mes yeux ne pouvaient que le constater ! Et j'entendais les carpes.

Exercice 2.

Nous avons fait un petit brain-storming en écrivant les mots qui nous venaient à l'esprit quand nous pensions au Maghreb. Comme vous le verrez, nous n'avons pas été très originaux, mais il fallait essayer ! Ensuite, nous avons écrit des textes contenant au moins 5 des mots que nous avions trouvé. ça donne ceci :

Texte de Nathalie

Quand je pense au Maghreb, je pense immanquablement au désert. Les couleurs de Delacroix, exceptionnellement diluées dans la lumière blanche, uniforme, cette lumière qui semble presque solide, et dans laquelle les hommes auraient sculptés les remparts de leurs cités. Je n'ai jamais été attirée par le désert, et pourtant le soir, je murmure son nom. Et quand je l'invoque, je découvre avec surprise que ce que je voyais comme une immensité morne prend la forme d'un paysage onirique. La lune ressemble à un cimeterre, et un rai noir souligne les dunes, comme le trait de henné sous les yeux des nomades. Et du sable monte un parfum, et ce n'est pas l'odeur sèche de la poussière, c'est une fragrance légèrement épicée, l'odeur de la lumière même.
C'est l'absence d'horizon, un paysage sans cesse remodelé, l'image de l'essence du monde. C'est dans les tournoiements du sable qu'apparaissent les formes des choses à venir, et de celles qui sont, et de celles qui ont été. Maghreb rêvé, Maghreb soit-disant colonisé... Mais personne ne pourra jamais tenir l'infini des possibles au creux de sa main. Maghreb, le désert est sans doute une bien mauvaise comparaison pour te dire. Le souk, dans sa variété infinie, parce qu'il est impossible à appréhender d'un seul regard, te définit sans doute bien mieux. Et si je regrette de n'avoir pas encore assez de consistance pour me permette de me confronter à toi, je jure qu'un jour, j'accepterai d'abandonner à ton seuil toutes mes certitudes.

Mon texte

Nous arrivons à Casablanca. La ville blanche éclate dans le soleil, violente dans ses formes, toute nue et vibrante dans la lumière impitoyable. A mesure que nous approchons de ses grandes murailles dressées comme pour nous repousser, nous percevons mieux le brouhaha confus qui émane d'elle comme une ombre sonore portée sur le vide. Son parfum nous parvient aussi, mélange hétéroclite et puissant d'épices et de terre, l'odeur de la promiscuité humaine, la sueur et les ordures, mais aussi l'émanation ténue des roches cuites au soleil. Le chemin couleur de safran nous mène dans son enceinte, où les fumeurs de hashish, immobiles et imperturbables, nous regardent passer sans mot dire, un sourire tapi dans leurs yeux noirs. Nous transportons de nombreuses marchandises de valeur, des bois exotiques, des étoffes de soie, des armes rutilantes, des métaux pour les alchimistes. Toute la ville nous attend, elle qui se tient tapie dans les dunes des mois durant, tandis que les caravanes s'acheminent lentement vers elle pour alimenter sa grandeur.
Nous avons traversé de multiples dangers sur les pistes traîtres du désert, côtoyant les djinns accroupis dans les ombres, bravant les tempêtes de sable qui soulèvent le sol jusqu'au ciel, les mirages qui nous égarent au pays des songes. L'oubli nous a menacé plus d'une fois, et nous nous sommes perdus, à demi fous, incapables de nous rappeler qui nous étions et où nous allions. Pour toi, Casablanca, nous avons traversé pire que le vide, nous avons erré parmi nos démons, le sble glissant comme un reptile chantaient une mélopée que nous serons incapable d'oublier. Nous avons vu nos vies finir, nos femmes mourir, et le diable nous emporter ; plus de cent fois. Non, on ne vient pas sans danger à toi, reine blanche dressée avec impertinence dans le royaume du vide. Sais-tu bien que tu ne le gouvernes pas, mais seulement que tu protèges vainement entre tes murs ce que le désert a épargné ? Un jour le sable te recouvrira, et la vanité de nos entreprises à tous éclatera, quand nous ne serons tous que des âmes dans le vent qui sculpte les dunes.
La cité a beau nous ouvrir ses portes, je ne peux me départir d'une sourde inquiétude. Il me semble que le désert est après moi. Je sens l'immensité me pousser, masse compacte derrière mon dos, attendant sournoisement que je revienne vers elle, ce que je ferai, inévitablement. Car je suis un nomade, et ma route croise celle de la mort. Le vide m'attire inexorablement, dans une quête absurde de points d'eau en points d'eau. Ici la terre exerce un pouvoir sur les gens, qui les rend beaux et rudes. Ils savent qu'ils ne possèdent rien en ce monde. Le désert a fait d'eux des ombres fières et sauvages. Et comme les dunes, ils ne se laissent sculpter que par le vent. Nous sommes libres. Nous ne connaissons pas les espaces confinés. Casablanca n'est qu'un fort dérisoire. Nous ne connaissons que le ciel et l'horizon. C'est pourquoi, malgré la peur qui me noue les entrailles chaque fois que le moment vient, j'ai hâte de repartir.

Texte de Gwen

« Que t'as dis ton père ?
À ton avis ? Il ne veut pas en entendre parler. »
Ahmed hocha silencieusement la tête. Les parents ne pouvaient accepter cela de la part de leur premier fils. Si Amine partait maintenant, il n'y aurait plus personne pour prendre le relais pour la récolte, surtout que son père était faible. Les harkis et pieds noirs ne l'avaient pas traité avec ménagement dans sa jeunesse. D'un autre côté, il n'y avait pas d'avenir ici pour Amine. Le safran était certes source de fierté, mais il ne rapportait plus autant qu'avant. L'or du Maroc avait perdu de sa valeur, et ne pouvait subvenir à une famille entière, surtout depuis la crise orange en Europe.
« Tu sais où tu veux aller ?
J'hésite... commença Amine. Il y a un centre coranique sur la Lune, je pense m'y rendre, afin de voir ce qui peut m'être proposé. »
Amine tendit la main vers son ami :
« Passe-moi un peu de ton hashish.
Il est bon. Il vient d'Iran, tu sais. Il y a rien à faire sur la Lune, c'est complétement mort. Je te vois mal passer tes journées à la Mosquée, à faire tes cinq prières. »
Sûr, c'est pas le Club Med. Mais de là partent des navettes vers les principales stations orbitales. Si je peux travailler un peu sur place, je pourrais peut-être gagner une place vers Mars.
Mars ? »
Ahmed faillit s'étouffer en recrachant la fumée de son joint.
« T'abandonnerais pas la safran alors ? Poursuivit-il. »
Amine se tut quelques instants, avant de répondre, les yeux plongés sur la piste sablonnée.
« Les épices, c'est toute ma famille. Ça nous a enrichi pendant longtemps. On a un don pour ça, même si aujourd'hui, il semble s'être tari. C'est la terre, je pense, qui veut ça. La crise européenne nous a touché plus que notre gouvernement veut bien nous le dire... Sur Mars, je suis sûr de repartir sur de bonnes bases. Et je pourrais toujours aider ma famille ici. Ma sœur Leila se marrie dans trois mois, et elle n'aura pas le grand mariage qu'elle rêvait enfant. Je peux peut-être au moins m'arranger pour que cela ne se reproduise pas pour les cadettes. »
Ahmed ne dit rien. Lui était fils unique, il n'avait qu'à se soucier de lui-même ; d'autant plus que ces parents, professeurs à l'université de Salé, toucheront une bonne retraite.
Il finit quand même par demander :
« Mais tu comptes partir comment ? Ce n'est pas tes parents qui vont t'aider, et tu es au chômage depuis presque un an...
J'ai un cousin qui travaillait avec des gens importants en France avant la crise. Il a gardé des contacts, qui sont maintenant dans le programme spatial au Maroc. Il va m'aider, c'est un ami. Al hamdou li Allah.
Ouais... Le prophète Mohammed, paix et bénédiction sur lui, t'accompagne, mon frère. Tu sais ce que j'entends par là...
Pas trop, mais je te remercie quand même. »
Amine sourit à son ami. Il savait qu'il ne le reverrai plus.
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