Les Chemins de Traverses
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Compte-rendu de l'atelier du 13 février

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Compte-rendu de l'atelier du 13 février Empty Compte-rendu de l'atelier du 13 février

Message  Kalys Mer 18 Fév - 16:10

Pour mémoire, étaient présents Marine, Paradoks, Maloriel et moi-même. Marine n'a eu le temps de faire qu'un exercice, que je me charge de poster. Mais nous autres avons, à grands renforts de vin, réussi à produire deux exercices supplémentaires, un record que je vous charge de nous aider à battre la prochaine fois! A ce propos, en toute logique, cela devrait tomber la semaine du 23 février au 1er mars. Je propose donc que nous nous réunissions pour parler Labyrinthe le mercredi 25 février. N'hésitez pas à réagir rapidement si vous n'êtes pas dispo.

1.
La scène doit avoir pour décor un transport en commun, et il est interdit d'utiliser la vue pour décrire les événements.


Marine

L'ouest attirait chaque fibre de mon être à sa rencontre. Comme une sorte d'élan frustré. Car malgré la vitesse du train en marche, ce rythme paraissait trop lent. On ne sentait pas cette pression qui vous plaque le corps contre les fauteuils sentant le vieux cuir rance. Malgré cela, l'odeur en était présente, comme si elle me tirait vers le passé. Le roulement de l'engin sur les rails, les hurlements du vent qui s'engouffraient sous la fenêtre, le cliquetis du métal des wagons, m'évoquaient une industrie de mort. Et ce train qui, bien que rien ne l'indiquait, roulait vers l'occident me transportait dans l'idée d'un trépas imminent.
Les hurlements du vent, parsemé de bruine, s'étaient faits caressants sur la peau de mes bras, comme un vieil ennemi qui tâcherait de vous convaincre. L'amertume me montait aux lèvres, et elle avait le goût des larmes séchées.
Toute cette route pour laquelle je ne dépensais aucune énergie, s'inscrivait en moi, je pouvais presque sentir le train rouler à travers mon corps, à moins que le tangage constant ne m'eut donné l'impression d'en être devenue un élément constitutif. Faire toute cette route pour rencontrer la seule entité qu'on peut rencontrer n'importe où (la mort) me donnait le vertige, la nausée, le besoin d'aller plus vite, ou de ressentir cette vitesse qui se dérobait à mes sensations. J'étais trop immobile, comme prisonnière d'une stagnation, d'une attente qui ne pouvait pas s'écourter. Le cuir rance des vieux sièges, se soudant presque à ma peau à cause de la moiteur de mes mains, me rappelait constamment l'incapacité dans laquelle j'étais d'altérer passé, présent ou devenir.
Devenir vers lequel ce que je croyais reconnaitre comme mon âme se tendait, et à l'idée duquel chaque fibre de mon être se recroquevillait sur elle-même.

Kalys

Ligne B. La rame accoste dans un mugissement. Une vague odeur de souffre m'emplit les narines. La bête cliquète. Vestes contre imperméables, les tissus se frôlent et s'affrontent pour pénétrer le wagon puant. Relents de sueur dans l'estomac du monstre. Un brouhaha inégal envahit le tunnel : la respiration asthmatique du métro couvre les voix de la foule, dont les multiples langues polyglottes créent une cacophonie assourdie. Les sons se heurtent mollement aux parois.
J'entre, mi-aspirée mi-poussée, m'écrase contre une vitre. Son contact froid et poisseux m'écœure un peu. Sur mon pied s'écrase un godillot, comme un caillou jeté par un gosse mal élevé. Le poids se déplace, mais la légèreté retrouvée est relative. Valsent les corps quand la rame s'ébranle. Mon voisin a l'odeur de tout un champ de lavande. Son épaule me frôle avec insistance, comme un chaton joueur. Le train hurle à nouveau. Le parfum de lavande se disperse, remplacé par une odeur de goudron. Un goût de fumée colle à ma langue, tandis que je rêve à un café.

2.
Quelqu'un observe votre protagoniste précédent. Que voit-il, que pense-t-il? Je poste tel que je l'ai écrit, mais on a apporté des corrections


Je débouche sur le quai et j'ai presque un mouvement de recul. La foule épaisse, caparaçonnée de noir et de gris, progresse le long des murs rutilants. Comme agrafée à la faïence, une jeune fille se tient toute droite. Elle ose un pas mécanique quand la rame surgit dans un cri lancinent de jeune accouchée. De jeunes cadres, parfaitement à l'aise dans ces eaux poissonneuses, me bousculent de toutes parts, et j'essaie de suivre la fille, parce qu'il faut bien que le regard s'ancre quelque part. Elle avance vers les portes ouvertes, ballotée comme un hameçon au fil de l'eau. Je mords. Un malotru la presse contre le carreau sale. On se croirait dans une mine à charbon. Échoué juste à côté d'elle, je la vois hausser les yeux au ciel. Sur son pied, un énorme cancrelat luisant. Ah non, un soulier ciré. Le type s'écarte, et elle s'appuie pensivement sur la porte, pour s'en écarter aussitôt. Amarré à la barre juste à côté d'elle, je m'efforce de rester droit tandis que le train bondit en avant, puis tressaute, accélère, ralentit (mille-pattes aveugle dirigé par un chauffeur facétieux). Je sens le menton de la fille contre mon épaule. Je l'y laisse, comme une moule accrochée à son rocher. Elle sent la clope, je n'aime pas trop, mais son visage rêveur flotte au-dessus des autres et m'attire. Mais le train soupire et ralentit. Les portes claquent, les dominos s'écroulent. Le vent balaie le quai et la foule s'éparpille. Je rejoints le flot des feuilles mortes. Un dernier regard... Le train est parti.

3.
Trois jours plus tard... Vos personnages se recroisent et se parlent. Paradoks et moi devons écrire à la troisième personne, Mu à la première, histoire de changer nos habitudes.


Montparnasse, 15h30. Assis devant un quick un peu suant, le vieil homme contemplait la table en plastique. Moche. Dehors, les trains haletaient et les gens couraient. Ambiance d'appel aux armes. Du coin de l'œil, il voyait s'agiter des silhouettes floues. Des méduses, filmées au ralenti. Et puis, une voix : "Je peux m'assoir?". Il leva un sourcil. "Certainement."
Tandis qu'elle posait son plateau maladroitement - tremblant un peu, mal synchronisée -, il la reconnut. "Je vous ai vue dans le métro" s'apprêta-t-il à dire avant de réaliser combien c'était ridicule. Alors il mâchouilla ses frites en la regardant attraper son hamburger d'une main mondaine, comme si toute cette graisse allait la contaminer. "Excusez-moi, vous ne mangez pas votre ketchup?
- Euh... Non."
Devant son air interrogateur, il ajouta : "Servez-vous." Elle tendit une main, pressa le contenu du sachet dans le carton de son repas. La sauce coula grossièrement. Un train hurla. Haussant le ton, il dit : "Où allez-vous?" Elle leva les yeux, surprise. "Versailles.
- Ah...
- Oui. Et vous?
- Euh... Nulle-part"
Elle eut un sourire, enfin, une moitié, le genre qui signifie "oh... ah." Elle chercha comment continuer cette conversation poliment amorcée. "Vous restez ici, alors?" demanda-t-elle, avant de se maudire pour la stupidité de sa réflexion. "Oui" fit le vieil homme, l'air ailleurs. Comme si cette réflexion l'avait plongé dans ses souvenirs. Elle croqua dans son hamburger pour se donner une contenance, regretta dès que la sauce coula sur son menton.
"Elle me prend pour un con."
" Je... Je vais m'en aller", dit-il bêtement. Elle se contenta de hocher la tête, et il se sentit soudain incroyablement stupide, alors qu'il poussait son repas dans la gueule de la poubelle. "Au revoir". Elle l'observait, un sourire presque ironique aux lèvres. "Au revoir", osa-t-il, se demandant si elle se moquait. Elle le suivit des yeux jusqu'à ce que les portes coulissent derrière lui. Puis elle se concentra sur son repas, qui ma foi était fort bon.

Nous sommes d'accord pour dire que la dernière phrase n'a rien à faire là. Je commençais à être sacrément éméchée Rolling Eyes
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Compte-rendu de l'atelier du 13 février Empty Re: Compte-rendu de l'atelier du 13 février

Message  Maloriel Dim 22 Fév - 22:40

1.

Christian s'assit. Un siège moelleux à souhait accueillit son postérieur fourbu. Il étendit ses jambes, étira sa colonne vertébrale et soupira d'aise. Un murmure féminin, presque érotique, résonna dans les hauts parleurs pour annoncer le décollage. Un vrombissement étouffé s'éleva, s'accompagnant d'une légère vibration, agréable comme un massage. Christian ferma les yeux, se laissant emporter par la poussée des moteurs qui entraînait l'avion au bout de la piste. Puis tout devint léger tandis que l'appareil se penchait en arrière. Christian s'imaginait déjà sur la route des étoiles, percevant l'air qui libérait l'appareil - maintenant, plus rien n'entravait son élan, son saut dans le vide céleste. Une odeur de café lui chatouilla les narines, le ramenant à la r"alité, et en même temps il perçut des mouvements, des froissements de vêtements, la porte des toilettes qui s'ouvrait et se fermait. Il eut un petit reniflement exaspéré. A peine le décollage terminé, il fallait qu'on s'agite, qu'on boive, qu'on mange. Les gens ne pouvaient-ils pas simplement se tenir tranquilles sur leurs sièges, sans un bruit ? Christian garda les yeux fermés, bien décidé à se détendre. Ces sensations aériennes lui rappelaient toujours les rêveries qu'il s'inventait enfant, avant de s'endormir. Il imaginait alors que son lit se soulevait et l'emportait dans la nuit. Bien au chaud sous sa couette, il sentait seulement l'air frais agiter sa chevelure et caresser doucement sa peau. Dans l'avions, il sentait seulement l'effleurement de l'air conditionné, mais c'était suffisant pour rêver. Il s'endormit.

2.

Mélanie était hôtesse de l'air depuis quinze ans. Mais le temps n'avait pas érodé le plaisir qu'elle avait à monter dans l'avion, devenant pour quelques minutes ou quelques heures une sorte de sylphe veillant sur des humains plus ou moins affolés. Elle aimait observer les visages, les gestes, les attitudes? Bien sûr, la plupart du temps les passagers n'avaient rien de remarquable. Comme cet homme entre quarante et quarante-cinq ans, en costume d'affaires, qui se laissait tomber sur son siège avec un plaisir visible. Ordinaire, il attira pourtant son attention. Elle le trouvait, comment dire... attendrissant. Pendant que sa collègue annonçait le départ imminent, elle passa lentement dans l'allée en priant aimablement les voyageurs d'attacher leur ceinture. lui le fit d'un geste mécanique, sans même regarder, comme s'il en avait une longue habitude. Il avait déjà les yeux fermés depuis plusieurs minutes et quand elle revint quelques instants plus tard avec le chariot chargé de boissons et de sandwichs, il n'avait pas bougé. Pourtant, il ne dormait pas, elle en était certaine. Son sourire léger s'estompa un instant tandis qu'elle approchait, comme s'il était dérangé par l'agitation du vol, qui reprenait aussitôt que l'appareil était stabilisé. Elle servit une ou deux personnes, et quand elle releva les yeux, il était revenu à la sérénité. Malgré son costume élégant, il ressemblait à un vacancier savourant le soleil et la brise sur une lointaine plage déserte. Son bien-être la relaxa étrangement. Il irradiait la tranquillité, l'incluant dans sa rêverie comme s'il lui envoyait des vagues calmes et chaudes comme une mer d'été. Elle s'aperçut qu'elle était restée immobile, souriant bêtement, quand elle prit conscience d'une voix sur sa droite réclamant un café avec insistance.

3.

Aéroport de Madrid, 12h20. Il me reste une heure avant mon prochain vol. Je me décide donc pour un café à la brasserie dont les tables s'agglutinent devant une vaste baie vitrée. Ici, on a une vue imprenable sur les pistes d'atterrissage et de décollage, et on assiste toute la journée à un ballet de gros oiseaux maladroits, du moins jusqu'à ce qu'ils se perdent dans l'azur, filant gracieusement sur des trajectoires rectilignes, indépendants, libres. Mon café noir à la main, ma valise dans l'autre, je m'approche des tables jouxtant la vitre. Alors je le vois. L'homme au sourire de vacancier heureux. Une impulsion me fait m'assoir à sa table, sans que je sache vraiment pourquoi. Il lève les yeux de sa tasse, étonné.

Elle me rappelle quelque chose. Une jolie femme, ayant dépassé la trentaine, élégante sans affectation dans son tailleur bleu marine. Ses cheveux sombres encadrent un visage plein de charme, sans rien d'exceptionnel sinon la chaleur pudique de ses yeux verts qui m'examinent, comme dans l'expectative. Alors ça me revient? L'hôtesse de l'air. Paris-Madrid. Il y a trois jours. Je ne l'ai aperçue qu'un instant, j'étais trop occupé à rêver. Je n'avais pas réalisé qu'elle était si jolie. Je remarque de légères taches de rousseur qui parsèment sa peau veloutée. Cette peau tendre, pâle sans être blanche, se fendillant de rides presque émouvantes au coin de ses lèvres ; cette peau pastelle me donne une drôle d'envie de la goûter, de la croquer. Je me ressaisis et plonge mon regard dans l'eau dormante et attentive de ses iris verts. Je suis presque surpris en entendant le son de sa voix.

"Excusez-moi, je ne voulais pas vous déranger.... Vous prenez le vol pour Paris ? Nous nous sommes brièvement rencontrés dans le vol Paris-Madrid d'il y a trois jours...
- Oui, je me souviens. J'ai surtout dormi. J'adore prendre l'avion. Mais je suppose que vous aussi, puisque vous êtes...
- Hôtesse de l'air, oui... D'ailleurs, si vous y réfléchissez, c'est un nom de métier plutôt poétique...
- Oui, c'est vrai... Vous accueillez des gens dans le ciel..."

Nous avons ris, un peu bêtement. Nous avons repris de concert une gorgée de café, jetant des regards à la dérobée vers les pistes d'atterrissages. Soudain, je dis :
"Oui, je vais à Paris. Et vous ?
- De même."

Il me sourit. Je me sens à nouveau voguer sur une mer d'été.
Maloriel
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