Premier atelier

Alors voilà le compte-rendu de nos expérimentations. Comme nous ne sommes pas des laborantines démentes, nous avons gentiment testé nos idées sur nous-mêmes

Le premier exercice a consisté tout simplement à piocher quelques mots au hasard dans un livre. Au départ nous en avons choisi cinq, puis nous avons corsé un peu en augmentant le nombre de mots. Je vous montre le résultat, pas parce que c'est génial (c'est très basique en fait), mais parce que ça vous donnera peut-être envie de rejoindre l'asso, vu que c'est rigolo, et que c'est un exercice que pour ma part j'ai trouvé très intéressant, car il demande de la concentration, de l'imagination et de la spontanéité.

Les mots :
descendre, parole, probablement, mi-voix, noir

Muriel:

Il se dit qu'il aurait probablement dû le descendre avant qu'il ne profère les paroles fatales, à mi-voix comme il en avait la détestable habitude. Ce connard avait parlé dans le noir, sourire en coin, cigarette incandescente étirant des ombres sur son visage de charogne. Probablement, oui... Mais c'était trop tard. Il prit son temps pour préparer sa réponse, qu'il fit à mi-voix, pour entrer dans le jeu de ce dégénéré. Il ne laisserait personne croire qu'il avait peur du noir.

Kalys:

Nous continuions à descendre. Des flambeaux, disposés à intervalles réguliers le long des parois, tenaient l'obscurité en respect. Mais les ombres attendaient, patientes, prêtes à bondir. Au bout d'un moment, Alec dit à mi-voix :
- Je crois qu'on est perdus.
- Probablement, rétorqua Pierre. Et alors, t'as peur du noir? »
Laurent, qui jusque-là n'avait pas pipé mot, prit la parole à son tour.
- Continuons, dit-il les dents serrées.

honorer, recherche, trois, bille, pervers, billard, sembler, vue.

Kalys:

Jeanne était en pleine recherche. Il lui fallait un homme, un vrai. C'est pourquoi elle traînassait autour du billard, où trois mecs poussaient des billes d'un air dolent. A sa vue, et peut-être surtout à celle de sa voluptueuse poitrine, ils commencèrent à rouler des mécaniques, l'air de pas y toucher. Jeanne les honora d'un regard dédaigneux : il ne fallait pas qu'elle semble déjà conquise. La soirée avançait et leur petit jeu durait. Mais sur le coup des quatre heures, à la fermeture, l'un d'eux s'avança et sa main s'écrasa lourdement sur sa gorge dénudée. « Pervers! » clama-t-elle, et elle s'en fut comme un reine.

Muriel:

Il était très honoré de jouer au billard avec les plus grands aristocrates de son temps. Ils n'étaient que trois autour de la table, dressés comme des fantômes dans l'atmosphère enfumée.
- C'est autre chose que les billes, n'est-ce pas petit? sourit le plus grand avec un air pervers.
Benjamin n'aurait jamais crû que lui, étudiant de la petite bourgeoisie, jouerait un jour avec les nobles les plus en vue de Paris. Tout cela, c'était grâce à ses recherches. Cela lui semblait fou, irréel. Le petit au lunettes le regarda:
- Alors, prêt à te ridiculiser?

employer, se murer, principe, retour, relation, soin, cause, relier, supérieur, aussi.

Muriel:

Selon le principe de l'éternel retour, chaque moment se reproduit indéfiniment. Ce n'est pas une raison pour se murer dans la tristesse. En effet, si on prend conscience des relations infiniment nombreuses et variées qui relient les choses dans l'univers, on atteint un niveau de conscience supérieur, et par la même occasion, une sérénité sans limites. Il ne faut pas seulement s'employer avec soin à comprendre et accepter l'univers, mais aussi à l'aimer. Et la cause de ceci n'a aucune importance.

Kalys:

En principe, mon supérieur est un gars sérieux. Droit, ponctuel et poli. Mais depuis son retour, il a changé. Lui qui prenait toujours soin de lui, le voilà tout dépenaillé. J'avoue, je subodore une relation extra-conjugale. Hier, je reliais des dossiers et j'ai vu qu'il avait retourné la photo de sa femme. Et aussi, il s'est muré dans un silence bizarre chaque fois qu'il est question de son voyage. Mais peut-être que la cause est tout autre... Ce matin, il m'a dit que je n'étais pas employée pour le fixer bêtement.

Le deuxième exercice a consisté à prendre un texte et à le réécrire différemment, sur un autre ton par exemple, ou pour exprimer autre chose. L'idée était de ne pas trop toucher à la syntaxe, qu'on puisse reconnaître les textes d'origine.
Malheureusement, je n'ai pas conservé les références des textes en question. Cela dit, Mu a travaillé sur un extrait de David Gemmel que bon nombre d'entre vous devrait reconnaître. D'ailleurs je vous présente d'ores et déjà toutes mes excuses si j'ai écorché les noms propres, je ne les connais pas et je recopie l'écriture de Mu, donc bon. Elle a choisi le thème "Antonymes" consistant à inverser adjectifs, implicite, etc. Quant à moi j'ai bossé sur un passage de Philip K. Dick, dans lequel, à l'origine, un type était fou de joie à l'idée de descendre dans une sorte de puit. De même, j'ai voulu exprimer, au contraire, l'angoisse.

Muriel:

« Tu es un génie, poète. » dit Llaw Gyffes tandis que le gros Nuada sortait ses vêtements de rechange d'un minuscule sac de voyage. « Agrain est un brave type, un honnête homme au langage raffiné. S'il aime tes histoires, tu finiras entouré de belles vierges au sommet d'un château. Nuada pleura « Fiche le camp, sale lâche. Ne m'attaque plus.
- Toi?
- Oui, Ariane m'a quitté.

Kalys:

Soudain il poussa un hurlement de terreur qui s'écorcha d'un mur à l'autre et dont les échos le laissèrent exténué. Il ferma les yeux et serra les poings. Il devenait fou... Il cria à nouveau... et fut submergé par les vagues de son, par sa propre voix étouffée par la proximité des cloisons, une voix cassée, pitoyable, et d'une jeunesse incroyable.

C'est rectifé ! (l'extrait de Gemmell provient de Renégats)

Merci pour le compte-rendu de ce premier mini atelier, qui avait l'air bien sympa ^^ C'est marrant comme parfois j'ai lu le texte sans me rendre du tout compte qu'il y avait les mots requis ; parfois ils se fondent parfaitement dans le texte.
Idem, comme nous le disions aujourd'hui, ce genre d'exercice donne lieu à des textes complètement différents, et à des interprétations différentes d'un même mot - notamment supérieur, avec le texte de Muriel que l'on imagine drapée dans une toge blanche, en haut d'une tour lumineuse, nous offrant la bonne parole...

Deux fois "mi-voix" dans le premier texte, Mu'
Vivement d'autres participations à ce genre d'exercices!