Le dernier rayon du soleil, Guy Gavriel Kay

Retrouvons dans un univers de fantasy, de manière à ne pas être gênés par les vérités historiques, les Celtes, les Vikings et les Anglo-Saxons, à travers le destin de quelques-uns de leurs représentants... Ils sont amenés à se rencontrer, eux, tous ennemis, et à construire une part de leur histoire ensemble. En lisant Guy Gavriel Kay, j'ai assez vite pensé à Clive Barker, à cause de leur vision commune sur le fait de raconter une histoire. Une histoire pour eux est un fragment de temps, des fils ténus appartenant à une vaste toile, des fils que l'on croise. Une histoire commune et perpétuelle où chaque action a une conséquence, parfois ténue, parfois absurdement importante, parfois immédiate, parfois très longtemps après. Comme une araignée se déplaçant sur la toile fait vibrer l'ensemble de l'édifice, les actions humaines ne sont jamais détachées d'une histoire universelle. Certains personnages ne font que croiser l'histoire principale, mais y trouvent autant leur place que les "héros" de l'histoire, et leurs destins personnels sont aussi déterminés par ce moment, parfois même cinq minutes, où ils sont passés dans les pages du livre. Avec une écriture sobre sans être nue, poétique sans aucune emphase ou effets de style remarquables, l'auteur nous mène à l'intérieur de personnages qui ne sont ni idéalisés, ni travestis : ils sont, simplement. Sans jugement sur eux ou sur leurs actes, ils mènent leur vie d'humains et tous y apprennent au cours du voyage la petite place qu'ils occupent dans un univers très vaste. Les certitudes fondent au cours du livre, mais la liberté de l'esprit et la sagesse les remplacent peu à peu. Aucune morale, aucune orientation, le genre de livre qui n'est jamais vraiment achevé, dont on pourrait tirer de multiples autres histoires. Une impression de suspension dans l'intemporel, dans l'universel. Un livre juste, lucide sans jamais être terne. Le fait qu'il s'agisse d'un monde imaginaire finit par devenir complètement secondaire. J'ai eu l'impression de suivre une aventure humaine comme si j'y participais, me sentant une fraternité d'espèce avec ces personnages qui portent nos questions éternelles. Pourtant, tout reste dans la simplicité, pas de grandes rélfexions philosophiques, et la suggestion arrive à point quand les mots viennent à manquer. L'auteur raconte son histoire comme peuvent le vivre des gens et non comme un narrateur le conçoit. Parce que les acteurs d'une histoire sont trop occupés à vivre pour adopter sur eux-mêmes et sur les événements qu'il traversent un point de vue unitaire de cohérence et de suspense. Les événements ne sont pas recadrés, réadoptés pour raconter une histoire. L'histoire se déroule d'elle-même, exactement de la manière dont on vit une vie.
A vous de voir, mais c'est une lecture que je recommanderais à n'importe qui...

C'est très enthousiasmant ça! J'aimerais moi aussi écrire quelque chose qui soit une histoire sans pour autant que mon travail de narratrice s'y immisce... Il faudra que tu me prêtes ce livre, ce que tu en dis fais très envie!