La Maîtresse des épices - Chitra Banerjee Divakaruni

Il s'agit du premier roman de cette auteure indienne vivant aux Etats-Unis. La confrontation des deux cultures, dont on découvrira qu'elles ne sont pas antagonistes, est l'une des sources d'inspiration de l'auteure (tout comme Douglas Kennedy aime explorer les différences culturelles qui séparent les Anglais et les Américains). Ce roman est une aventure et surtout une histoire d'amour qui questionne l'individu, le mène à des choix difficiles et essentiels. L'histoire d'amour créé le fil directeur du roman, jusque là rien d'exceptionnel, mais la force du livre, c'est le voyage dans le ressenti intime du personnage principal. Confrontée à ses désirs et à ses contradictions, c'est avant tout un roman spirituel qui voyage au coeur de l'âme. Mais résumons un peu :

Tilo est maîtresse des épices. Chaque épice, dont la maîtresse comprend le langage et canalise le pouvoir, a une signification et un pouvoir qui lui est propre. Une sorte d'apothicaire, donc, mais avec la magie intrinsèque aux épices en plus. Au terme d'une longue initiation dans une île gardée secrète, les futures maîtresses abandonnent leurs corps de jeunes filles pour celui d'une vieille femme. Car les maîtresses sont au-delà de la condition de mortel, toute leur vie est dévouée aux autres. Elles n'utilisent jamais leur pouvoir pour elles-mêmes, ne tombent jamais amoureuses. Du moins, c'est interdit. Au terme de sa formation, Tilo choisit d'aller aux Etats-Unis pour exercer sa fonction de maîtresse des épices au sein d'une petite communauté d'immigrés Indiens. Malgré un excès de confiance en elle, Tilo remplit sa tâche avec sagesse. Jusqu'au jour où le désir la rattrape.

Le récit avance au rythme de la litanie du nom des épices, chacune ouvrant symboliquement un chapitre. Le livre est troublant par bien des aspects, et d'abord par la manière dont il captive peu à peu au rythme des phrases enivrantes, dont la poésie évocatrice enchante bien au-delà des frontières culturelles. La prise de conscience progressive de la condition humaine amène bien des questions pour le personnage principal, mais aussi pour le lecteur. C'est un conte sur l'impossibilité de vivre seul, d'être dépourvu de foi. Le récit de la naissance et de la beauté du désir, l'histoire d'une femme entre deux mondes. On dérive au fil d'une rêverie poétique pleine d'images fortes et d'une sensualité mystique, en mettant progressivement à nu notre nature d'être solitaire à la recherche perpétuelle de son paradis perdu.

J'ai beaucoup apprécié ce roman d'une grande sensibilité dont l'écriture envoûtante invite à se perdre dans le fleuve de l'imaginaire intime.

Notons que les éditions Philippe Picquier, qui semblent apprécier les auteurs orientaux, a publié d'autres oeuvres traduites de Chitra Banerjee Divakaruni, comme La reine des rêves, ou Mariage Arrangé, un recueil de nouvelles. L'auteure aime traiter des problèmes familiaux et culturels indiens, en y mêlant souvent une touche de mysticisme...

Ah bah ça alors Bon bah j'ai plus à me prendre la tête pour savoir pour quel site écrire ma chronique lol

En tout cas, c'est pour moi un livre magnifique, incroyablement subtil (ce qui rend son compte-rendu très difficile) et poétique. Il me suivra longtemps....

Ca m'attire pas du tout ce genre de livre. Je sais pas pourquoi.

Qu'est-ce qui ne t'attire pas? (Désolée j'ai un peu de mal quand les gens disent "ce genre de truc". Quel genre? Un livre c'est un livre non?)