Bande dessinées, féminisme perdu ou retrouvé

(Elle n'a pas sa langue dans sa poche, pour sûr !)

J'aime assez Tanxxx ; déjà, j'apprécie pas mal ces dessins et ses strips (en voit qu'elle lit (lisait ?) Fluide.), et en plus, elle ne se tait pas, quitte à sauter à pied joints après un salto dans le plat.

D'où cet article rageur (qui, si j'ai bien compris, fait pas mal parler de lui depuis quelques jours dans les Internets) :
les pétasses, l’abêtissement et les éditeurs.

Même si je suis partisan du "Si tu kiffes pas, renoi, t'écoutes pas et puis c'est tout.", force m'est d'admettre que je suis quand même d'accord (furieusement) avec elle.
Parce que d'une : quand c'est de la merde, on peut le dire, et de deux, je comprends un peu l'énervement d'une personne qui a du mal à se faire publier (j'en sais pas grand chose pour Tanxxx en particulier, mais d'une manière générale) malgré le talent, parce que ça ne "rentre pas dans les cases", et qui se fait doubler par ce genre de torchon (que j'en voudrais même pas dans mes toilettes (je parle de Mimi Stinguette)). Ça peut foutre un peu les boules. En bande dessinées, notamment franco-belge, quand tu regardes les sorties, tu pleures quand même. Il y a des bonnes choses, hein, mais c'est noyé dans une masse de bouses écrites par des manchots (dessins, scénario, découpage, dialogues).

Ça me fait penser que j'ai vu hier le film De l'encre (un téléfilm en réalité), écrit et réalisé par Hamé et Ékoué de la Rumeur, qui parle entre autres de ce nivellement par le bas, lui dans le cadre de la musique. Dans un peu toutes les sphères culturelles, on en arrive à cette quête de la médiocrité, parce qu'il faut vendre au plus con, en mettant au ban les artistes plus accomplis, mais qui sortent un peu des limites définies par une norme purement commerciale.

Notez que pour ces bd-là, je m'en taperais royalement si elles étaient restées à l'état de blog. Dernière le site Internet, il n'y a personne d'autre que "l'artiste", aucune machine éditoriale. Le problème vient surtout de leur publication, totalement injustifiée, et donc un budget mis en place, de la publicité, plusieurs personnes derrière etc. Cette chance-là, au final, peu l'ont. Quand je traînais un peu sur les blogs bd, j'en croisais pas mal qui avaient justement un talent fou, avec de vrais projets, et qui depuis des années se voyaient se fermer devant eux les portes des maisons d'édition (pas le bon format, pas dans ligne éditoriale, etc.). J'imagine la colère ou le dépit de ces gens-là qui se voient un peu flouer par des œuvres totalement dénuées du moindre intérêt.

Faudrait que j'essaie ça aussi, publier un recueil de mon "œuvre bloguesque", on ne sait jamais, sur un malentendu...

De toute manière, petit déjà, je n'aimais pas la soupe.

J'ai lu le billet, je la soutiens à 100%.

Le problème, c'est qu'on n'a jamais dit qu'un éditeur devait être plus intelligent et/ou cultivé que son public. Un éditeur, stricto sensu, c'est un type qui fabrique un livre pour le vendre.
Ce que je trouve terrifiant, c'est que les gens, fermement, volontairement, maintiennent leurs œillères en place. A lire tous les edit au billet original, je comprends que pas une fille, pas une, n'a fait autre que de se sentir agressée par le ton du billet. Pas une ne s'est demandé "mais pourquoi elle dit ça?" Pas une, en gros, n'a utilisé sa poignée de neurones pour faire des connexions. Je leur demande même pas d'être d'accord! Mais d'argumenter, déjà, ce serait pas mal. Si elles pensent que la femme est, réellement, obsédée par les fringues et ses enfants, ça peut peut-être s'expliquer? Y'a peut-être une raison valide? C'est peut-être intelligent? Mais on ne le saura pas : elles ne font que prouver qu'elles sont connes.

Depuis Bridget Jones et Le diable s'habille en prada, je suis moi-même dans le même état d'esprit que Tanxxx. Je regarde ces filles et je me dis : mon dieu, toutes ces années pour en arriver là. Elles sont trop fortes : on était supposée vouloir être comme les mecs, avoir un cerveau et des droits. Et on en a fait quoi? On a commencé à tout faire pour rabaisser les hommes au même niveau que nous. Vous aussi maintenant, vous devez obligatoirement devenir pères et vous inquiéter de vos rides.

Et de continuer à véhiculer des clichés plus gros que soi : la bloggeuse qui commence son billet en expliquant que la bd c'est pour les hommes, parce que la science-fiction c'est très masculin... Je pense qu'en fait elle vient de se réincarner, sa précédente vie, c'était au Moyen-Age. Sûr qu'elle devait bien s'y sentir : au moins à l'époque, personne ne lui demandait d'avoir un cerveau.

Je m'égare, excuse-moi

Pour la question de la médiocrité : ça arrange tout le monde. C'est comme dans le meilleur des mondes : tout le monde est content, parce que tout le monde est à sa place...

Comme tu t'en doutes, ce débat me passe un peu au-dessus vue que je ne lis quasiment pas de bande dessinée. Par contre je plussoie totalement le point de vue féministe de l'auteur de l'article et compatis grandement pour le fait que parce qu'elle ne fait pas ce que les filles sont censées faire et ne ressemble pas à la fille des magazines, tout le monde pense qu'elle est lesbienne.
Comme je le dis souvent, je ne suis pas féministe. Je suis juste allergique au sexisme en général, et aux discriminations en général. (je précise "sexisme", car c'est une discrimination qui peut aussi s'exprimer envers les hommes, je l'ai souvent constaté).
Je ne suis pas féministe : je suis pour l'égalité entre les êtres humains et leur droit à être et à ressembler à ce qu'ils veulent. Rien de plus banal, en somme, mais ce combat me semble-t-il sera éternel. Il y aura toujours des discriminations à combattre, simplement à chaque fois ça switche sur un groupe social ou sur un autre.
Enfin, il me semble que l'exemple de la bloggeuse publiée est assez symptomatique de la situation culturelle que souligne tanxx : on publie tout et n'importe quoi, et oui parfois ça a un sacré goût d'injustice. Mais ça, je crois que c'est la vie d'artiste, et que c'est pas près de changer Perso j'en prends mon parti : la production culturelle est titanesque, (par rapport aux époques précédentes), ça ne peut pas avoir que du bon. Je pense que la seule façon de ne pas être si amer, c'est de persévérer. il suffit de fouiller juste un peu pour voir les milliers d'initiatives géniales qui sont prises dans le pays, parce que l'époque nous en donne les moyens. Il faut se servir des outils à notre disposition, et toujours continuer à faire ce qu'on aime !
Mon discours paraît un peu naïf, peut-être, mais je ne sais pas ; moi, ça me semble aussi simple que ça. Faut agir. Les discours, les images de la femme, tout ça c'est que du bruit, et la production artistique, bonne et mauvaise, continue. Rien ne nous empêche d'agir (et en disant ça, je ne dis pas tanxx n'aurait pas du prendre l'initiative de gueuler sur ce qui lui déplaît, loin de là !)

Mu, le combat féministe c'est avant tout le combat pour l'égalité des sexes, rien de plus. Même si aujourd'hui on a surtout l'impression que le combat c'est de pouvoir faire du shopping et s'acheter du gloss...
En extrapolant un peu le discours, on peut arriver aussi à l'amer constat que ces œuvres dites "girly", que les magasines fashion, que toute cette sous-culture commerciale autour de la femme est perçue comme l'aboutissement des luttes féministes depuis 50 ans. Ou comment la société a réussi à se servir de l'idéologie féministe pour en fait mieux l'enfermer dans sa case de femme-mère-bête à sexe. Il y a un truc pas clair là-dedans.
Et c'est un non féministe qui vous le dit ; même moi qui déconsidère totalement la femme et trouve qu'elle n'a que ce qu'elle mérite depuis le jour où elle a mangé une pomme, je trouve que ça va trop loin. (vais encore me faire taper, moi.)

En ouvrant un peu, ce problème de l'égalité des sexes (et autant discriminant dans un sens comme dans l'autre, comme le fait justement remarquer Nath) est trèèèèès loin de disparaître. Vous avez peut-être vu ça : pas mal d'élus souhaitent faire retirer les manuels de Science et Vie de lycée de cette année, parce qu'il est dit dedans :
"le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n'est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l'autre"
D'après ces élus, ceci n'est pas scientifique mais relève de la philosophie. On passera sur le fait que les sciences sociales ne sont donc plus une science, ni que la science se nourrit par définition de la philosophie...

Je digresse ("Graisse !") un peu là... mais c'est quand même un sujet fort inquiétant.

Concernant le monde éditorial et la bd, on peut toujours prendre les moyens à notre disposition, ça n'en laisse pas moins un goût amer. Quand t'as décidé d'en vivre, c'est que t'y crois un minimum ; et te voir dépasser par n'importe quel "truc" immonde quand toi tu crèves la dalle (Bon j'espère pour Tanxxx que c'est pas son cas, mais c'est bien le cas de certains), il y de quoi s'énerver. La plupart des mecs qui font de la bd dessinent dans des fanzines, et gagnent pas un rond. C'est pas les États-Unis ici, où tu peux (pouvais, je pense, en fait) quasiment vivre de ton indépendance dans le milieu. Ici, c'est impossible. Alors bon, tu me diras toujours, et je serais d'accord, la gamelle avant le reste. Ça n'empêche que bon... en tant que lecteur, je préférerais voir plus souvent du Tanxxx que du Girly-girl-shopping-comics dessiné sous paint.

en tant que lecteur, je préférerais voir plus souvent du Tanxxx que du Girly-girl-shopping-comics dessiné sous paint.

Mais enfin, Gradlon, tu n'as toujours rien compris : tu dis ça parce que tu es un homme, et que Tanxxx, c'est pas une vraie fille, c'est une lesbienne.

T'es lent hein quand même

Ah oui, merde, je me trompe à chaque fois, pfff...

@ Maloriel : je suis d'accord avec toi pour dire que, quoi qu'il arrive, il y aura toujours un tas d'initiatives géniales dans le monde, celles de ceux qui ne se laisseront pas abattre par la nullité d'une ambiance générale basée sur la sensation facile. Toutefois, le problème, c'est que justement, ce qu'on peut accepter dans le paysage culturel comme élément de diversité même si c'est pourri, est quand même tellement présent que ça s'imposera comme norme établie (en fait, c'est déjà le cas) s'il n'y a pas d'autres trucs pour apporter autre chose. C'est, d'ailleurs, un des intérêts de blogs comme celui-ci je pense.

@ Gradlon : en même temps c'est vrai que ça peut énerver, mais si seuls les trucs bons étaient publiés ou avaient la possibilité d'être diffusés sur le net, ou même (attention, hypothèse de fou) faisaient l'objet d'une autocensure au moment d'appuyer sur le bouton fatal (genre, questionnement : ce que j'ai écrit vaut-il le coup d'être lu ?), on finirait bien par arriver à un système de bien-pensance uniformisante, non ? Aussi bizarre que ça puisse paraître, je pense que la diversité passe aussi par l'acceptation de la nullité crasse (et puis sinon, sur qui on pourrait taper légitimement ? ça joue le rôle de balise minimale...). ce qui ne dispense pas de la recherche de qualité dans ce qu'on fait, puisque c'est ça qui fait avancer le schmilblick.

@ Kalys : ouh là, énervée, toi, non ? Ben je te comprends, en fait. J'ai comme le sentiment que les siècles de société patriarcale et les décennies de lutte féministe ont abouti à un résultat phénoménal, qui est qu'on voit souvent plus les connes que les autres. En même temps, c'est quand même pas loin d'être aussi le cas pour les mecs, alors...je pense juste qu'internet donne une tribune à tout le monde (c'est sa force), et que la bêtise y est donc plus évidente qu'ailleurs (c'est marqué sur le front de personne "je suis con", mais sur son blog c'est une autre histoire...).
Le truc, c'est aussi que notre société de plaisir/sensation facile favorise la réaction sensorielle/instinctive, immédiate, au détriment d'une réflexion pourvue du recul nécessaire à la prise en compte de la globalité. Après, on peut vivre toute sa vie heureux et bête (peut-être me rendrai-je d'ailleurs plus tard compte que c'est le cas)...Quand à m'inquiéter de mes rides...Dans longtemps, voire pas. Je pense que ça ne me gênera pas. Pour la paternité, ben...c'est déjà fait, alors...