Onirismes

Pas tout à fait une actualité, ou, plus exactement, une initiative récente mais appelée, je l'espère, à durer très très longtemps : la création de Onirismes. Un énième webzine sur le thème de l'imaginaire? Oui, mais non. Onirismes, qui vient de lancer son appel à textes permanent, se spécialise dans "la publication de nouvelles de fiction et de poésie, relevant des littératures de l'Imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction, et variations interstitielles diverses)." Oui, mais qu'est-ce qui distingue Onirismes alors, d'après toi? Eh bien pour commencer, relisez l'appel. Vous voyez, là, ce petit mot de rien du tout? Oui, celui là : "poésie". Un mot que, personnellement, j'aimerais rencontrer plus souvent, ne serait-ce que parce qu'il fait fi des distinctions de genre, pour n'évoquer que le plaisir des mots.
De plus, Onirismes est (enfin, sera) une publication bilingue, français-anglais. Vous pouvez envoyer vos soumissions en anglais, elles seront traduites vers le français, et vice-versa. Je crois qu'il y a pas mal de monde ici, que les jeux avec la langue et ses variations de sens intéressent au plus haut point. Et je trouve que cette initiative a toutes les chances d'offrir un pendant à un projet comme celui de Dahlia Sherman et ses volumes "interfictionnels" qui, s'ils ont le mérite de rassembler des auteurs du monde entier, ne permettent de les approcher que par le biais de leur traduction anglaise.
Bref, je suis enthousiaste. Pour plus d'information, je vous invite à consulter le site Internet. A noter également, que Onirismes se propose de rémunérer ses auteurs. Considération bassement mercantile, mais ça a dû demander une sacrée organisation.


PS : en plus, c'est joli, comme non, Onirismes

Ça a l'air intéressant. J'aime bien le design simple et agréable de leur site. La poésie, c'pas trop mon rayon mais ils sont aussi ouverts aux nouvelles alors...

Bonsoir,

Je remercie d'abord Kalys d'avoir bien voulu relayer notre appel à textes.

Je confirme qu'effectivement, nous acceptons les nouvelles, tant qu'elles respectent notre guide de soumission. Et merci pour le compliment sur le design. A bientôt



Julien, pour Onirismes

Ecrire de la poésie, c'est très ardu, de toute façon (je veux dire, si on veut exprimer autre chose que ses tourments de l'ââââme, quand on est ado et éventuellement gothique ) J'en ai écrit plein des comme ça, je ne me moque pas dans le vent
Mais justement, je trouve l'initiative d'autant plus intéressante, bien que plus difficile à aborder. Je ne sais pas si Onirismes va recevoir beaucoup de poésie, au final, mais si c'est le cas, tant mieux : le milieu associatif a fait ce qu'il fallait pour réhabiliter la nouvelle (en France). Il me paraît intéressant de passer à autre chose (même si moi j'écris des nouvelles et que donc, ça m'arrange que quelqu'un les publie )

J'ai mis beaucoup de parenthèses, non?

Moi je trouve que ça a l'air très très très bien tout ça et que ça va me motiver à tenter d'écrire de la poésie, j'ai toujours été attiré par ce pan de la littérature, même si j'ai jamais franchi le pas, donc merci à Kalys d'avoir relayé l'info.

Question subsidiaire : c'est quoi, la poésie ? oui, je sais, c'est bateau, mais, vraiment, c'est quoi pour vous ?

Oui, merci, ça a l'air intéressant !

Qu'est-ce que la poésie ? pfiu c'est pas facile de répondre. Pour moi, la principale caractéristique de la poésie, c'est de se servir du langage comme un sculpteur se servirait de l'argile ou du marbre. C'est une relation très sonore et très charnelle aux mots. De plus, la poésie pour moi a aussi un aspect instantané, hors du temps, et un aspect de fragment. C'est un bout de texte qui n'est rattaché à rien. C'est un peu comme une photographie ou un tableau.

A chaque fois que j'y réfléchis, déjà, je me rends compte que pour moi le terme poésie sous-entend des règles. Dans un poème réussi, c'est si bien fait que la règle est sublimée (vers de Racine, poèmes de Baudelaire...)

Il me semble que la poésie est une forme à contraintes, mais plutôt dans le sens d'expérimentation, au final, cela donne plus de liberté, car on peut tout explorer. Je sais pas si je suis bien claire...

Et dans le sens purement esthétique, je rejoindrai Maloriel sur l'image de l'instantané.

J'ai posé une question difficile à laquelle j'ai du mal à répondre !

Je suis d'accord avec les notions de "charnel" et de "sonore", et aussi avec le fait que la poésie engendre des règles pour les transcender, à la limite, s'en servir comme un tremplin plutôt que comme une gêne. J'ajouterai Rimbaud à ta liste, qui a créé quelque chose je pense, à ce niveau.

Je pense aussi qu'il peut y avoir dans la poésie une forme de l'absolu tel que peut le concevoir l'esprit du poète et qui, parfois, résonne dans l'esprit du lecteur. J'y vois une explication du côté personnel de la poésie, qui touche certaines personnes et pas d'autres ; et parmi les personnes touchées, certaines seront touchés par un texte et d'autres non. Un peu comme les maths, en fait (j'étais pas bon du tout en maths pour un scientifique mais par contre j'aimais bien le côté abstrait - et prétentieux - de certains concepts, ne serait-ce même que la notion de nombre négatif).
C'est ce qui fait que certains poèmes m'émeuvent et d'autres pas du tout. Par exemple, j'aime beaucoup Tristesse de la lune de Baudelaire :

Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse;
Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins,

Sur le dos satiné des molles avalanches,
Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,
Et promène ses yeux sur les visions blanches
Qui montent dans l'azur comme des floraisons.

Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,
Elle laisse filer une larme furtive,
Un poète pieux, ennemi du sommeil,

Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,
Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,
Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.

Bon, je pense qu'ici, personne ne te dira que Baudelaire c'est pas beau
J'aime bien la comparaison avec les maths, ça m'a fait sourire. C'est vrai qu'une résolution d'équation en alexandrin, c'est tellement beau :')
Sinon, sur le débat, j'ai rien à dire, je lis très peu de poésie, et n'en écrit pour ainsi dire jamais (mes quelques essais furent pour le moins... infructueux). Mais j'aime beaucoup Robert Desnos :

Le Capitaine Jonathan,
Etant âgé de dix-huit ans
Capture un jour un pélican
Dans une île d'Extrême-orient,

Le pélican de Jonathan
Au matin, pond un oeuf tout blanc
Et il en sort un pélican
Lui ressemblant étonnamment.

Et ce deuxième pélican
Pond, à son tour, un oeuf tout blanc
D'où sort, inévitablement
Un autre, qui en fait autant.

Cela peut durer pendant très longtemps
Si l'on ne fait pas d'omelette avant.

J'ai souri à ce poème, j'aime bien
Puisque chacun y va de son poème :

Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon coeur qui s'oublie
Aux soleils couchants.
Et d'étranges rêves
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves.

Soleils Couchants, Verlaine.

Pour rire :

Lorsqu'il appert qu'x et y additionnés
Font deux fois la valeur de x
Alors voici une évidence : il apparaît
Qu'y n'est autre que x.

Ah non, mais j'adore ! C'est de toi ? Sérieux, c'est génial !
Et puis faire rimer x avec x, ça tient du génie créatif !

Mu : lorsque j'étudiais Verlaine, j'avais trouvé Romances sans paroles particulièrement chiant et naze. Je préférais largement Rimbaud, par exemple. Comme quoi, on peut être con à 16 ans.

A 16 ans, je détestais la plupart des auteurs que j'aime maintenant

Oui, à seize ans, la "rigidité" du système... métrique j'allais dire, je ne trouve plus du tout le bon mot.... euh... La rigidité des rimes et du nombre de pied ( ) me semblait bête et chiante. J'ai très largement changé d'avis. Et ça va pas être facile d'illustrer, parce que par contre, comme Gradlon, je ne lis jamais de poésie, et vous avez quasiment fait le tour de mes auteurs favoris

Allez, j'opte pour celui-ci, qu'en vrai je ne connaissais pas, j'ai seulement cherché quelque chose parmi mes écrivains préférés.

je vous sens inspiré(e)s... arg, plus de temps :silent:
je repasse ! ;)