Relation personnage/auteur

Je vais enfin pouvoir poser une question qui me tient à coeur et que je n'ai pas pu poser souvent auparavant, manque d'écrivains dans mon entourage oblige...

Quelle relation entretenez vous avec vos personnages ?
Est-ce du domaine du fusionnel, de l'amour fou, de l'obsession ?
Ou au contraire une relation distante, presque désintéressée ?
Détestez vous les "méchants" ou aimez vous tous vos personnages sans exception ?

Et surtout, est-ce que peu de gens - voire personne - ne comprend votre relation à l'écriture et à vos personnages ?

Voilà je vous laisse répondre, je m'étendrais la dessus au calme parce que là avec mon père qui écoute Gwen Stefani j'ai un peu de mal à me concentrer. Ca m'étonne en plus c'est pas son genre d'écouter des bruits sans intérêts pareils.

C'est une question très intéressante, à laquelle je réfléchissais justement hier

Je me suis rendu compte que si je n'avais pas écrit depuis presque deux mois maintenant, c'était parce que je n'étais pas assez en connivence avec mon personnage principal. Je le vois de trop loin, il ne me parle pas beaucoup ; j'ai beau lui tourner autour il ne veut rien me dévoiler et fait comme si je n'étais pas là !

Le problème c'est que j'ai en tête plein de personnages que je connais bien mieux, mais avec qui j'entretiens une relation fusionnelle. Les coucher sur le papier reviendrait à mettre mes tripes sur la table, et je n'ose pas encore le faire. D'autant plus que souvent, ces personnages sont assez fantasmatiques, et qu'ils ne doivent pas l'être, une fois intégrés à un roman. Je veux dire par là qu'un personnage doit pouvoir parler aux lecteurs autant qu'à moi, et quand tu mets en scène un fantasme sur pattes, il faut arriver à le rendre crédible, en plus d'être formidable
Plus jeune, j'étais extrêmement proche de mes personnages, surtout masculins. Je pense que j'en ai créé quelques uns qui sont bien, mais ils me semblent aujourd'hui trop naïfs, pas encore pleinement épanouis.
Entre temps, j'ai perdu cette spontanéité, et aujourd'hui je n'arrive plus à modeler de personnages, tellement j'en suis distanciée...

Tu vois, j'ai une relation très problématique avec mes "enfants". Tour à tour trop passionnée ou trop distante, j'ai du mal à trouver le bon rapport. Cependant une chose est certaine : ceux qui dorment dans ma tête, je les aime. Ils sont moi sans l'être, ce qui les rend aussi importants que... mes amis... (Je sens qu'à la fin de ce message vous penserez tous que je suis folle )

Et pour répondre à ta dernière question, personne jusqu'à présent ne connaissait ma relation à mes personnages, donc c'est vous qui allez me dire si vous comprenez ou pas

Ah oui et j'oubliais : en général, j'aime tous mes personnages parce qu'aucun n'est à proprement parler méchant. C'est plus complexe que ça : je les ai créés, donc je les comprends. Mais dans mon dernier texte, je pense qu'il y a un des personnages que je vais moins aimer, mais je n'en suis pas encore sûre.

Ouuuh Kalys elle est folle! Mais tu sais que tous les écrivains sont un peu barges, et que les meilleurs étaient souvent très gravement atteints, donc ce serait plutôt un bon point. Malheureusement, soit que ma définition de la folie soit un peu trop laxiste, soit que la société en général ait une définition trop stricte de la folie, je ne te trouve pas encore folle. Mais je suis peut-être trop complaisante avec tes frasques, petite bourrique!

Bref, le sujet n'étant pas là, je poursuis avec un MERCI Erk, pour ce sujet!!
Une des choses que je préfère dans l'écriture, c'est les personnages. J'adoore en créer, plein de personnalités différentes, de tronches différentes, c'est vraiment quelque chose dont je ne me lasse pas. Comme Khalys, je les appelerai plutôt mes enfants; mais je rêve surtout qu'ils prennent vie et que je puisse parler avec eux, ou les observer, parce que la plupart du temps ils ont un charisme bien particulier à chacun d'entre eux.
Dans ce que j'écris actuellement (et hop! une belle périphrase pour ne pas dire roman), deux personnages sont inspirés de gens réels. Cela me convient assez; devoir m'astreindre à respecter une personnalité déjà existante donne parfois une certaine cohérence à leurs réactions. Je m'inspire aussi parfois de "personnalités" de ma campagne, voisins et autres, qui sont en eux-mêmes assez pittoresques, pour les y mettre en les transformant un peu.
Sinon, pour les autres, je les aime hauts en couleurs; un vieux professeur bougon et fantasque, un jeune érudit tout douceur et passioné par l'ethnologie, un gentilhomme au parler élégant, un lutin hystérique qui adore les gros chiens et les chapeaux, un nain écivain qui dément tous les clichés de sa race... Il y en a d'autres, mais tous un peu de la même veine.
Ce qui est drôle avec eux, c'est qu'ils vivent un peu tous seuls, et c'est aussi ça que j'adore. Parfois j'ai l'impression d'être une grosse feignasse qui, au lieu d'inventer une histoire, se laisse en fait mener par la main par ses personnages et se contente de décrire ce qu'ils font naturellement. Ca paraît un peu mystique comme ça, mais en fait c'est logique: vous créez un personnage avec telles et telles caractéristiques. Placé dans une certaine situation, si l'on veut garder de la cohérence, il ne pourra réagir autrement que d'une certaine façon, à cause de son caractère. Un trouillard, devant un ogre, ne va pas brandir son bout de bois pour mourir courageusement, non: tant qu'à mourir, il va hurler, se pisser dessus, courir dans ses chaussures trempées pour se cacher dans un bois, se perdre, dépérir, désespérer, et mourir d'inanition.
Bref, il m'est arrivé comme ça de devoir accompagner mon héros de deux personnages qui n'étaient pas prévus du tout mais qui, au vu de leur caractère, le suivaient d'eux-mêmes. Parfois ce sont les personnages qui m'aident à dénouer une partie ardue de l'histoire. Bref, je les aime tout plein, j'aime leurs frasques. Et quant aux méchants, il n'y en a pas vraiment pour le moment, enfin si mais ils sont désincarnés. En ce qui concerne le Grand Méchant qui se tapit dans l'Ombre, il me fait plutôt pitié; il est fou, et misérable, il n'a pas eu de chance. Et il est petit!

Linaka, je suis d'accord avec toi : je ne m'estime pas encore "folle" selon les critères en vigueur dans le monde artistique. J'en suis d'ailleurs soulagée, je n'aurais pas voulu devenir Artaud, quand bien même c'est un auteur de génie. (ça me fait penser que c'est moi qui ai, depuis des années, ton cd de Pour en finir avec le jugement de Dieu, Hénode) Cependant je parle sans doute un peu trop avec mes personnages Sinon je voulais juste te répondre sur ce sujet parce que c'est justement quelque chose que je t'envie, d'arriver à composer sur des personnes déjà existantes. J'ai déjà essayé et je n'y arrive jamais, soit que je n'arrive pas à comprendre suffisemment ceux qui m'entourent, soit que je n'ose pas interpréter leurs faits et gestes.

Pareil que Kalys plus jeune j'ai créé des personnages dont je serai toujours amoureuse : Steph, Christophe et Anaël représentent chacun une part de ma personnalité et sont de véritables compagnons de route, un peu comme un croyant s'adresse à ses saints, parfois je m'adresse à eux comme des anges gardiens de ma petite existence.
Mais, intensément déstabilisée par l'immensité complexe du monde extérieure, déconcertée jusqu'au désespoir par l'incompréhension que ce vaste foutoir m'imposait, mes écrits sont devenus plus évanescents, et mes personnages aussi. Aujourd'hui j'écris sur un personnage inspiré par mon compagnon de route (en chair et en os cette fois), enfin ce personnage m'échappe car c'est sa création à lui, je cherche donc à saisir ce personnage, je le poursuis, je cherche à gagner sa confiance (je crois que pour parler des personnages on est obligé d'employer un langage schizophrène), à le découvrir, à entrer dans son intimité (et ce n'est pas du genre à accueillir les étrangers à bras ouverts). j'ai souvent créé des personnages en partant d'une ébauche, une idée générale, et puis j'ai affiné, j'ai cherché à parler d'eux, à les faire parler d'eux jusqu'à ce qu'on soit copains. Et oui j'aime tous mes personnages sans condition. Je ne m'inspire jamais directement de ce que j'ai vu à l'extérieur, ce processus se fait mais de manière inconsciente, quand la gestation est à terme, quand j'ai assimilé expériences, rêves, désirs et émotions.

Pour te répondre, Kalys, je dis que je m'inspire de personnages réels, voire que je copie entièrement leur personnalité (Vincent et Fred, encore eux!), mais ça ne veut pas dire que j'y réussisse! C'est dur de saisir entièrement l'état d'esprit d'une personne, et cela qu'elle soit introvertie ou pas, pour répondre à Mu'. On peut au mieux retranscrire ce que la personne va dire ou faire en telle occasion, parce que "c'est bien son genre de répondre ça", ça correspond avec l'image qu'elle nous donne; mais quant à rendre vraiment ses pensées et ses motivations profondes... Comme on n'en est pas toujours très conscient soi-même, ça peut devenir très complexe!
C'est pour cela que parfois je m'autorise des petites licences, en me disant "bon, c'est pas son genre de croire à ça, mais après ce que je lui ait fait vivre dans les chapitres précédents, on peut penser qu'il évoluerai dans ce sens." Tout ce qu'on peut faire, comme d'habitude, c'est chercher à garder de la cohérence dans les comportements de nos personnages, ou bien à justifier leurs comportements inhabituels.

Merci pour tes indications Le problème c'est que j'ai essayé d'écrire sur des gens que je connaissais dans des circonstances particulières, par exemple j'avais voulu écrire un petit texte dont Olivier était le héros, pour son anniversaire, et j'ai jamais réussi, ce vilain m'échappait!

Nan mais avec oche c'est même pas la peine Moi j'ai des facilités, Vincent je partage mes nuits avec lui alors à force, il n'arrive plus à m'échapper!

Il reste difficile de me baser sur lui à certains passages; dans ces cas-là, je lui demande directement son avis, et s'il ne sait pas non plus (étant donné qu'il ne s'est jamais trouvé dans cette situation) je me contente d'imaginer. De toute façon le personnage réel que tu mettras dans ton histoire changera forcément, tout comme changerait Vincent devant une troupe de Blutchons.
Le plus simple, c'est de prendre les principaux traits de caractère et de créer ton personnage avec.. encore faut-il que ces traits soient soit évidents à saisir (côté ours bourru), soit connus de toi grâce à une très grande connaissance de ton "sujet".

Il y a beaucoup de Mathias dans Anaël en effet. Mais je trouve bizarre de connaître Oche depuis... quatre ans & demi et d'être incapable de le décrire. Ce mec m'énerve

Oui, enfin Oche en même temps, si tu couchais avec lui ça aiderait peut-être
(comme il est jamais là, ce lâcheur, on peut raconter des conneries sur lui ^^)

Ah tiens c'est une bonne idée ça, je vais demander à Jeanne

Demande à Mathias d'abord...

mh, en fait j'imagine que la première personne à qui je devrais demander, c'est à toi

Ah ben non, merde! On s'était bien mises d'accord je croyais, sur le fait que oche était un objet sexuel!

Faut pas tout changer sans rien me dire, non mais!

Oui, je ne suis qu'un objet après tout. Allez, venez, toutes, on va régler nos comptes.

Chanceux ! J'aimerai bien avoir autant de femmes qui se battent pour moi...
Mais étrange paradoxe : je n'ai jamais rien compris aux femmes.

Ça rappelle un peu le débat dans le comptoir mais... est-on obligé de catégoriser de cette façon les hommes et les femmes? Ne peut-on pas dire qu'on a rencontré une femme à laquelle on n'a rien compris, sans généraliser à toute la gent féminine (idem avec les hommes)? Il me semble quand même qu'une personnalité est nettement plus complexe (et puis on en fait quoi des gays et lesbiennes alors?)

Je sais pas. Etant moi-même une femme même si ça m'emmerde et que ça se voit pas quand j'écris (j'ai toujours détesté mon corps), étant moi même bi et étant sorti avec autant de filles que de mecs, je peux te le dire : je n'ai jamais rien compris aux femmes. Ce qui est un immense paradoxe... étant donné mon sexe.

Je généralise, mais ce n'est pas péjoratif. Les mecs sont beaucoup plus simples. Et les femmes, beaucoup plus difficiles à cerner. Ceci dit, je préfère les femmes. Et de loin. Mais je suis plein de paradoxes, car je ne me sentirai pas de faire ma vie avec une femme.

ceci dit, je sais, il ne faut pas que je prenne mon cas pour une généralité... Mais ce que je dit n'est pas dans le but de dénigrer l'un ou l'autre des deux sexes, au contraire, je suis pour la plus parfaite égalité.

Je comprends. C'est juste que j'aime pas trop les discours généralisants, qu'ils soient générationnels ou communautaires. Mais tu parlais de ta propre situation, alors c'est difficile d'en juger. Personnellement, je suis souvent surprise par le laconisme des hommes : ils parlent peu mais n'en pensent pas moins. Et cela les rend beaucoup plus subtils : ils savent communiquer sans le biais du langage. Pour ces raisons, je les trouve au contraire moins accessibles que les femmes. Mais il est vrai que je suis moi-même une femme, qui s'assume sans problème qui plus est. Donc j'ai peut-être des facilités à comprendre le fonctionnement des femmes en général, alors que les hommes me sont étrangers.

il y a beaucoup de traits féminins qui me cassent les pieds au plus haut point... Mais bon j'ai du mal à faire la différence entre mon agacement chronique envers les gens et un énervement plus particulièrement adapté à ces demoiselles... M'enfin ce qui est sûr c'est que quoi qu'on y fasse, égalité ou pas, hommes et femmes, c'est pas tout à fait la même galère