Et justement...

Puisque notre vénérée Admin a créé cette section afin que nous échangions conseils et interrogations, je me demandais : comment écrivez-vous? Et d'abord, que préférez-vous écrire? Faites vous partie de ces artistes qui ont déjà en tête toute la structure de leur roman avant de le rédiger, ou au contraire vous laissez-vous porter?

Pour ma part, après avoir écrit beaucoup de poésie, ado, je m'en suis à présent tout à fait détournée ; et je sens que c'est à moitié par flemme : ça me semble tellement difficile, d'écrire de la poésie! J'ai également rédigé beaucoup de nouvelles, et c'est un format que j'apprécie toujours énormément, mais j'essaie actuellement de m'en détacher, parce que je m'en suis souvent servie par défaut, pour éviter de développer. Donc en ce moment je m'entraîne à écrire un roman (deux en fait ) Et je suis plutôt du genre à me laisser traîner par l'histoire... Du coup, parfois je peine, parce que j'essaie d'avoir une vue d'ensemble mais que je n'arrive pas à préparer autant le terrain à la rédaction. C'est la raison pour laquelle je me demandais comment vous procédiez

Alooooors....

La poésie ne me vient que par à-coups, et c'est pas de la grande poésie; mais c'est un genre très intime, qui peut dire les choses de façon très sensuelle, et qui me plaît donc beaucoup pour cela. Après, c'est vrai que ce n'est pas un genre très "communicatif", je trouve; c'est introspectif et personnel, donc parfois dur à comprendre et à interpréter, à faire sien. Mais la nature de la poésie peut permettre de l'apprécier pour sa beauté sans saisir le sens profond, c'est ça qui est cool. La poésie me vient plutôt comme une musique; des mots, des images qui s'assemblent sur une base rythmique et musicale, et qu'il faut absolument noter dans l'instant sous peine de tout oublier!
Je ne me suis jamais essayée à la nouvelle; c'est un genre qui ne me va pas du tout, je n'arrive pas à développer une histoire et des personnages sur un court texte. J'aime les mots et les métaphores, les images et les descriptions; tout faire rentrer dans une nouvelle, c'est un exercice que je n'arrive pas à faire.
Ce que je préfère écrire, donc, c'est le roman et particulièrement de la fantasy. Comment écrire? Aucune condition particulière je pense; j'ai plus de mal à écrire quand je suis seule; je n'ai pas besoin de musique du tout. Par contre je suis incapable d'écrire si je suis déprimée.
¨Pour ce qui est de la structure, j'écris plutôt avec une idée générale de ce que va être le roman; j'ai ensuite des scènes précises en tête, et je tisse l'histoire en allant vers ces scènes. Ca donne des surprises; parfois certaines idées viennent en chemin, des personnages s'invitent dans l'histoire, etc. Evidemment le souci principal quand j'écris c'est de garder la cohérence de l'intrigue, et de la révéler pas à pas. Je pense qu'il est bon de prendre des notes; chronologie de l'histoire, points complexes de l'intrigue, pour ne pas s'emmêler les pinceaux. Parfois l'histoire semble s'assembler logiquement d'elle-même, c'est assez rigolo.

Voilà, j'espère avoir répondu correctement aux questions (ça me rappelle un peu d'ailleurs celles que j'avais posées aux Utopiales ^^)

Linaka, je suis totalement d'accord avec ce que tu dis sur la poésie, qui est l'un de mes genres préférés. D'ailleurs je pense bientôt faire un petit article sur la poésie du 19ème La poésie est mon genre nourricier, et quand je dis ça j'englobe des oeuvres en prose et des oeuvres théâtrales que je considère comme l'essence de la poésie. Parce que la poésie n'est jamais rien d'autre que la recherche du beau, l'expression de soi mais plus encore soi dans le monde, vous me direz c'est vrai dans les autres formes littéraires mais non la poésie c'est l'art musical de la brièveté et de la justesse, c'est comme un travail de joailler... Je m'emporte un peu là et je ne suis pas sûre d'être très claire. En plus à la base, le sujet ce n'était pas cela.
Pour te reprendre encore Linaka, tu dis l'essentiel je crois : peu importe la méthode, quand on écrit un roman l'important c'est de ne pas s'emmêler les pinceaux et donc de maîtriser la cohérence de son intrigue, se rappeler de ce qu'on a écrit avant (ça parait con mais c'est tellement essentiel) et savoir organiser ses multiples idées qui peuvent se contredire ou juste manquer de forme.

Enfin, pour répondre à ta question Kalys, j'ai écrit d'abord une novella que personne n'a jamais lu, dont j'ai écrit la fin en plein milieu de l'histoire, et que j'ai réécrit trois ou quatre fois (toute la novella). C'était très chaotique comme approche, beaucoup de retouches et de retours, et c'est dû également au caractère introspectif de la chose.
Un autre roman a commencé par une vision et une phrase. L'histoire m'est venue d'elle-même et j'ai creusé le concept au fur et à mesure que la signification du roman se révélait à moi (ça paraît mystique mais j'ai prévenu je suis une illuminée) (Je parle du Rêve d'Alice)
Enfin celui que j'écris eh bien c'est une autre expérience puisque on est deux dessus et j'en parlerai une autre fois.
Mon futur roman commence par des idées que j'ai, surtout en fait des choses dont j'ai envie de parler (des choses aussi diverses que la chevalerie, le viol, le totalitarisme, la beauté de la nature, la recherche de la justice, les épées à deux mains...)

Avant toute chose je tiens à déclarer : je me sens super bien sur ce forum. Vous êtes les seuls avec qui je peux avoir des discussions comme ça. Personne ou presque autour de moi n'écrit. C'est un peu triste... Bref. Heureux d'être avec vous.

Donc je suis à l'inverse de Linaka, j'ai beaucoup de mal à écrire quand je ne suis pas déprimé. Ce qui me pose d'ailleurs un monstrueux problème d'angoisse de la page blanche en ce moment... J'écris pour jeter dehors ce qui me torture. J'écris dans le désordre. C'est très dur pour moi d'écrire dans l'ordre chronologique. Les scènes, les lieux, les personnages, leurs noms me viennent comme ça, j'ouvre Word, je balance tout dedans dans l'ordre où ça vient. Je passe souvent de longues périodes sans écrire. Parfois six mois, même plus. Ce qui donne des choses assez curieuses, parce que je mets des années à finir un truc. Le dernier en date : commencé à l'âge de quinze ans, fini à 20. Problème : on sent la différence de style entre ce que j'ai écrit y'a cinq ans et ce que j'ai écrit l'an dernier. Et en plus, comme le bouquin n'a pas du tout été écrit dans l'ordre chronologique, ça donne un truc vraiment curieux, parce que d'habitude la progression d'un style se fait du début à la fin d'un livre.

Mes personnages sont souvent des homos ou bi de sexe masculin, des clowns, des anges, des anarchistes, des détraqués. Je n'aime pas ce qui colle à la réalité. Où alors, je tombe dans l'horreur, décrivant ce qui me terrifie : drogue (héroïne en particulier), prostitution, porno, viol, suicide, meurtre...

"quand on écrit un roman l'important c'est de ne pas s'emmêler les pinceaux et donc de maîtriser la cohérence de son intrigue, se rappeler de ce qu'on a écrit avant (ça parait con mais c'est tellement essentiel) et savoir organiser ses multiples idées qui peuvent se contredire ou juste manquer de forme." C'est marrant quand tu dis ça parce que c'est quelque chose que je n'arrive pas du tout à faire. Quand je commence un roman ou une nouvelle, je n'ai aucune idée de la fin, et souvent même, du début.

Pour le bouquin que j'ai commence il y a peu de temps, je vais m'astreindre à écrire dans l'ordre chronologique. C'est cool d'écrire dans le désordre, mais ça pose de petits problèmes tout de même : incohérences et incompréhensions chronologiques, certains personnages qui ont l'air d'être lunatiques au possible etc...

Bref, que cela concerne la poésie ou la prose je n'aime pas les carcans. j'écris comme ça vient, ça me libère, je dirais même, ça me soulage. J'en ai besoin pour vivre, pour exister.

Ce texte doit être bordélique, j'ose pas relire. Je me sens vraiment bien ici.

Ah oui au fait ! Une nouvelle n'a pas forcément peu de pages (la princesse de Clèves doit faire 500 ou 800 pages et c'est une nouvelle), c'est juste une histoire qui n'a qu'une seule intrigue. (Waaaaaaaaw ! J'me souviens des cours de 1ere L !)

C'est cool que tu te sentes bien ici, Erk, ça fait plaisir! Ton avatar m'a toujours un peu terrifiée (j'ai vaguement peur des clowns), mais maintenant j'ai moins peur
Je pense que le problème, quand on écrit comme tu le fais, c'est comme tu le dis que c'est (heureusement) très périodique. Peut-être (ce n'est qu'une hypothèse hein) que tu devrais essayer de te sortir de ça, sinon l'écriture ne sera jamais pour toi qu'un exutoire, sans que tu puisses construire quelque chose que tu pourras faire lire à d'autres après. Comme tu le dis, si en plus c'est trop chaotique, ça peut être bien...
Enfin tout dépend de ce que tu veux faire. Si tu veux que l'écriture reste un exutoire et juste ça, ou si tu veux la partager et donc garder un style nébuleux au risque de ne pas te faire comprendre, ou bien tu veux construire une écriture parce que tu veux réussir à faire passer ton univers dans les mots que d'autres liront en les comprenant. Je comprends tout à fait, étant donné que je l'ai fait, qu'on aie envie de faire de l'écriture un exutoire, pas toujours consciemment d'ailleurs, et mettre des sentiments bruts sur la page. Mais dans ce cas je ne montrais pas ce que j'écrivais. Je pense que dans le cas de cette écriture, elle sera toujours trop brute, trop personelle, chaotique et anarchique pour être comprise et appréciée à sa juste valeur par des lecteurs.
Je vois la construction et l'effort chronologique, logique et cohérent non pas comme une trahison de la pureté de mon ériture, mais au contraire comme un embellissement; être capable de dire ce que l'on veut et en plus de le mettre dans la tête des gens, ça c'est génial. C'est facile d'avoir une image dans la tête; ça l'est moins de la mettre aussi dans la tête d'une autre personne, sans trahir l'idée de base.

Donc Erk, je pense que ton idée de t'astreindre à la chronologie est une excellente idée. Tu peux écrire d'abord l'ordre dans lequel les évènements se passent, et ensuite l'ordre dans lequel tu racontes ton histoire (c'est pas toujours le même) dans des synopsis. Après, si des idées te viennent entre temps, rien ne t'empêche de les insérer, ou de faire dévier l'histoire de son carcan, tant que tu restes cohérent.

Voilàààààààààààà encore une tartineuh!

PS: Mu, j'adore le gros mélange d'idées que tu veux mettre dans ton roman: totalitarisme, épées à deux mains, hmmm miam!

En fait ça donne quand même des histoires compréhensibles, mais horribles. C'est tout le problème. Plus ce que j'ai développé au dessus, sur l'incohérence etc.

Je sens que je vais pas mal progresser en discutant avec vous !

ps : faut pas avoir peur des clowns, les clowns ils sont gentils, rigolos, et tendres. Cf La petite fille silencieuse, de Peter Hoeg, les clowns des Bérurier Noirs (mon avatar), etc...

Oui le truc c'est que quand Erk te dit qu'il écrit pour ne pas être torturé, faut pas s'attendre à une nouvelle nébuleuse et bourrée de références personnelles : c'est très personnel mais il y a une vraie intrigue, des personnages dont on tombe amoureux. Il a le sens inné de l'écriture ! C'est génial quand les choses s'organisent toutes seules alors que tu t'y aies pris de façon vachement chaotique. Mais cela dit peut-être qu'avec le temps ta relation avec l'écriture va devenir moins... épidermique. alors tu seras peut-être surpris par d'autres potentialités de style et d'histoires que tu pourras avoir... M'enfin de toutes façons les raisons de l'écriture importent peu, comme je le disais on est surtout là pour parler du résultat.
bien contente aussi que tu sois bien sur le forum, c'était bien le but

Je suis d'accord avec Linaka dans le sens où s'astreindre à une écriture chronologique peut aider. Ceci dit, je suis fan des films de David Lynch, et ils sont rarement chronologiques, et c'est génial...

Je suis ravie que tu te sentes bien ici, c'était le but, et je suis très contente que ça fonctionne