Les Chemins de Traverses
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

Dracula - Bram Stoker - 1897

3 participants

Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Kalys Mer 6 Mai - 15:31

Une personne tout à fait sensée a dit un jour : « Mieux vaut tard que jamais. » Convaincue par l'ancestrale sagesse, j'ai décidé de lire – enfin! - Dracula. C'est que je me targue de posséder une grande culture en matière de littérature vampirique. Mais on a beau avoir lu plusieurs fois toute l'œuvre d'Anne Rice, ou connaître des bijoux oubliés tels la Carmilla de Sheridan Le Fanu, ignorer Dracula, c'est comme prétendre tout savoir sur la chanson française sans avoir jamais entendu Brassens. Bref.

Tout commence avec le voyage qu'entreprend Jonathan Harker dans les Carpathes. En sa qualité de notaire, il doit rencontrer un important client qui projette d'acheter une maison à Londres. Le Monsieur désire qu'on lui apporte les papiers en main propre, afin de pouvoir poser toutes les questions qui lui viennent à l'esprit, car c'est un homme pragmatique qui ne veut rien laisser au hasard. Jonathan embarque donc pour un long périple à travers des contrées reculées, comme oubliées par l'Histoire. Tout le long du chemin, des gens le mettent en garde. Pas très rassuré mais néanmoins rationnel, il débarque au château, une antique demeure isolée de tout, où le comte vit apparemment seul. Si les premiers jours, ou plutôt les premières nuits (car le comte est un homme très occupé) se passent bien, très vite, Jonathan conçoit des soupçons sur la nature de son hôte. Distingué, d'une politesse exquise, Dracula est aussi froid, calculateur... prédateur. Et il ne faut pas longtemps à Jonathan pour s'apercevoir qu'il est retenu prisonnier, et que dans le château errent des créatures qui n'ont rien d'humain.

Retour à Londres. Mina Harker attend son fiancé, de plus en plus inquiète de rester sans nouvelles. Mais elle a d'autres sujets de préoccupations. Son amie Lucy, chez qui elle loge, est la proie de fréquentes crises de somnambulisme, elle s'étiole et s'alanguit chaque jour un peu plus. Mina finit par avoir des nouvelles de Jonathan, et tandis qu'elle court à sa rencontre, le destin de Lucy bascule. Appelé à son chevet par Lord Goldaming, son futur époux, le docteur Van Helsing comprend très vite que Lucy a été marquée par la plus terrible des créatures. Idée corroborée par d'étranges événements survenus en ville, et par le comportement pour le moins confus de Renfield, le patient le plus intéressant de l'asile d'aliénés dirigé par John Seward.
Commence dès lors une traque dangereuse et cauchemardesque, visant à mettre fin aux exactions du terrible comte.

On imagine aisément pourquoi ce roman a tant marqué les esprits. Construit autour des journaux et lettres des personnages, agencés de subtile façon, le roman tient en haleine tout en présentant tous les aspects du vrai. Il mêle habilement une littérature épistolaire qui nous place d'emblée au cœur des événements à une intrigue qui tient quasiment du thriller. Ce qui n'est pas peu faire : généralement, les romans épistolaires induisent une lecture plutôt contemplative ; tandis qu'ici, Stoker parvient à générer un véritable suspense, sans jamais ennuyer le lecteur par de longues introspections.
Le sujet également, n'a pu que surprendre, voir choquer : le fantastique est le plus souvent resté cantonné au format des nouvelles, prenant l'allure d'histoires racontées pour frissonner ou rêvasser au coin du feu. Le traitement cependant ne déroge pas à la règle : quoi que le titre laisse supposer, Dracula n'est pas le héros du roman. Il n'en est que le prétexte, et ne fait que révéler le courage et la résolution des protagonistes. A mon sens, c'est dommage, car au final Dracula n'apparaît que très peu au fil des pages. La plupart des événements l'incriminant ne sont relatés qu'après coup et en l'absence de leur instigateur, le lecteur moderne aura parfois bien du mal à saisir toute l'horreur de la situation. Pourtant, les personnages se mettent bien en peine de souligner combien ils sont malheureux et terrifiés. Seulement – et cela m'étonne qu'à l'époque cela n'ait pas fonctionné –, Bram Stoker écrit en pleine ère victorienne. L'insistance est donc moins portée sur l'aspect fascinant et malsain du comte, que sur son caractère diabolique. Les protagonistes passeront donc de longs moments à se lamenter parce qu'ils sont frappés d'impureté, et occuperont le reste de leur temps en tirades sur la force de la foi, sur leur dévotion sans limite, et sur toutes les qualités chrétiennes qui font les gens honnêtes, et surtout les femmes.
Pour autant, cela ne doit pas nous faire oublier que tous ces personnages sont fort bien dessinés. Nul besoin de descriptions, les personnalités se révèlent au fil des passages narratifs ou dans la subtilité de ce qu'on ne peut pas encore appeler monologues intérieurs, mais qui dénotent néanmoins des personnages bien distincts et vraisemblables. Du docteur Seward, psychiatre altruiste et intelligent, à Lucy, la belle que tout le monde courtise et qui en joue innocemment, en passant par la douce et forte Mina ou le curieux Van Helsing, chacun se révèle attachant et crédible.

L'autre point fort de ce roman, c'est bien évidemment l'émergence de cette figure si surprenante qu'est le vampire. Pour la première fois, celui-ci quitte les limbes de la superstition pour acquérir un véritable statut. Bram Stoker lui donne toutes les caractéristiques qui resteront les siennes pendant deux siècles de littérature vampirique. Bien que son portrait soit trop esquissé à mon goût, Dracula se révèle un personnage étonnant, mi-homme mi-bête, doté de pouvoirs fascinants et paradoxalement affaibli par toutes sortes de contraintes. Il est intelligent et cultivé, mais c'est également un monstre. Chez lui, l'animalité le dispute à un esprit aiguisé. Il bénéficie ainsi d'une réelle épaisseur psychologique qui, bien qu'elle soit peu développée dans le livre, pose les bases de ce que pourront devenir ses successeurs, Lestat en tête.

Ainsi, si j'ai pu regretter la relative absence de celui sans qui toute cette histoire n'aurait pu avoir lieu, et même si je pense que, par son aspect moral, le livre est parfois un peu suranné, il n'en reste pas moins qu'on voit émerger ici une grande figure du surnaturel, aidée en cela par une intrigue bien menée et une originalité du propos qui n'est plus à prouver. Pour ces raisons, je crois que Bram Stoker mérite bien d'obtenir la note maximale!

10/10

Auteur : Bram Stoker
Editeur : Babel Actes Sud
2001 pour la présente édition
Kalys
Kalys
Dictatrice
Dictatrice

Nombre de messages : 1002
Age : 39
Localisation : Québec
Date d'inscription : 21/11/2007

http://www.itineraire-bis.org

Revenir en haut Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Re: Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Maloriel Mer 6 Mai - 15:42

Merci pour la chronique ! Je l'ai lu il y a plusieurs années et j'en avais toujours retenu l'aspect malsain que je n'ai pu retrouver que dans un seul film, le Nosferatu avec Isabelle Adjani, qui m'avait mise très mal à l'aise.
En effet bien que suranné, Dracula pose les bases d'un personnage qui sera traité à toutes les sauces après ça...
Maloriel
Maloriel
Professeur d'Etiquette
Professeur d'Etiquette

Nombre de messages : 763
Age : 37
Localisation : Rennes ou marais morbihanais
Humeur : Improbable
Date d'inscription : 18/10/2007

https://cheminsdetraverses.forumgaming.fr

Revenir en haut Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Re: Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Kalys Mer 6 Mai - 15:45

En fait, j'ai été surprise de constater que l'aspect malsain était bien plus visible dans les films que dans le livre. Dans le Nosferatu dont tu parles, on peut voir à plusieurs reprises cette créature un peu languissante et pourtant puissante, jouer à une séduction malsaine avec la jeune Mina. Alors que dans le livre, finalement, on ne le voit qu'une seule fois en pleine action. D'accord, c'est un moment assez dégoûtant et inquiétant, mais on s'attarde plus sur les conséquences de ses actions, que sur ses interventions réelles.
Kalys
Kalys
Dictatrice
Dictatrice

Nombre de messages : 1002
Age : 39
Localisation : Québec
Date d'inscription : 21/11/2007

http://www.itineraire-bis.org

Revenir en haut Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Re: Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Marine Jeu 7 Mai - 10:56

Ca me donne carrément envie de le lire!! Merci pour cette chronique! Et merci d'avance de bien vouloir me le prêter! Razz
Marine
Marine
Succube
Succube

Nombre de messages : 61
Date d'inscription : 11/01/2009

Revenir en haut Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Re: Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Kalys Jeu 7 Mai - 11:29

Ça roule! Cool
Kalys
Kalys
Dictatrice
Dictatrice

Nombre de messages : 1002
Age : 39
Localisation : Québec
Date d'inscription : 21/11/2007

http://www.itineraire-bis.org

Revenir en haut Aller en bas

Dracula - Bram Stoker - 1897 Empty Re: Dracula - Bram Stoker - 1897

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum