Les Chemins de Traverses
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Message  Maloriel Ven 19 Déc - 15:43

Dans le but d'écrire un article sur l'importance d'Edgar Poe comme figure de la modernité européenne (je sais bien qu'il est américain, mais son influence et son rayonnement en Europe le font sentir comme un auteur européen) ; je lisais les écrits de Baudelaire sur cet auteur.

Si tous les théoriciens avaient l'élégance, l'humour et le tranchant de Baudelaire (une pointe d'insolence à la Voltaire, mais dans un style infiniment plus poétique et passionné), je pense que les chercheurs universitaires seraient de bien meilleure humeur Smile C'est toujours un véritable plaisir que de lire du Baudelaire, aussi bien pour le style que pour son intelligence, sa clarté, sa cohérence, et la force philosophique de ses idées.
Or, je lisais un passage qui concernait particulièrement la nouvelle, considérée par Baudelaire comme, en un sens, supérieure aux autres formes littéraires :

La nouvelle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l'intensité de l'effet.
(...)
De plus, l'auteur d'une nouvelle a à sa disposition une multitude de tons, de nuances du langage, le ton raisonneur, le sarcastique, l'humoristique, que répudie la poésie, et qui sont comme des dissonances, des outrages à l'idée de beauté pure.
(...)
Dans la composition toute entière il ne doit pas se glisser un seul mot qui ne soit une intention, qui ne tende, directement ou indirectement, à parfaire le dessein prémédité.
(...)
Et c'est aussi ce qui fait que l'auteur qui poursuit dans une nouvelle un simple but de beauté ne travaille qu'à son grand désavantage, privé qu'il est de l'instrument le plus utile, le rythme.

Ces écrits s'inscrivent dans la lignée d'une théorie de l'effet développée par Edgar Poe : tout dans une nouvelle concourt à un effet unique. La nouvelle doit être une mécanique parfaitement huilée, d'une logique mathématique. De la même manière, un poème long est une expression antithétique, car comme dit Baudelaire, l'esprit humain est conçu pour des émotions éphémères, aussi tout l'effet provoqué par le poème se dilue et se perd dans le volume.

Ainsi, la nouvelle se compose avec un soin tout particulier, et permet la variation et l'audace. Si cela n'est pas vrai pour toutes les nouvelles, je dois admettre que je garde des souvenirs très forts de certaines nouvelles de Poe, comme Le Chat noir ou Le Puits et le pendule. On peut dire que Poe maîtrise son art. Qu'en pensez-vous ?

A la lecture de ces lignes, j'ai pensé que l'analogie pouvait se rapporter au long et au court métrage. Ce qui fait la spécificité du court-métrage, n'est-ce pas son intensité, son étrangeté, son originalité ? Et s'il est bien fait, n'est-ce pas le choc qu'il provoque ? Il me semble que la nécessité de faire court donne lieu à des stratégies originales, toujours dans le but, là-dessus je rejoins Poe et Baudelaire, de produire une unité d'effet particulièrement frappante.
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Message  Kalys Jeu 10 Déc - 20:23

Et l'on peut constater que l'exercice est beaucoup plus difficile qu'il n'y parait. J'ai la sensation que de nombreux auteurs et cinéastes se lancent dans la forme courte sans savoir pourtant où ils voulaient en venir. Ils ont retenu un aspect important de la nouvelle, à mes yeux en tout cas, qui est cette esthétique du fragment, mais très souvent le fragment est si détérioré qu'il ne semble pas s'inscrire dans un ensemble plus large. En fait, ce ne sont pas des éclats, mais des avortons.

Je ne suis pas entièrement d'accord avec la vision baudelairienne, car elle accorde à mon avis une trop grande importance à la mécanique du texte. Je pense qu'on peut écrire une nouvelle qui ne soit pas une histoire. Ainsi, l'effet recherché ne sera pas la convergence vers une aqmé, mais bel et bien, un fragment - à la manière de Léa Silhol dans les musiques de la Frontière, par exemple.
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Message  Maloriel Ven 11 Déc - 14:42

Je suppose que là pour Baudelaire, ce serait des poèmes en prose... Il a écrit plein de textes courts qui ne sont pas des histoires, d'ailleurs c'est vrai qu'il faut noter qu'il n'a jamais écrit de nouvelles Smile
C'est sa grande admiration pour Poe qui dirige ses commentaires, mais c'est vrai qu'il ne décrit qu'un certain type de nouvelle, on peut écrire autrement. Et rappelons aussi qu'au 19ème siècle, les nouvelles du genre Léa Silhol, ça n'existe pas, à ma connaissance...
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